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Histoire du Turkménistan

Enviado por   •  12 de Noviembre de 2017  •  3.358 Palabras (14 Páginas)  •  394 Visitas

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Sa participation dans les organisations internationales et régionales est de plus extrêmement limitée car le Turkménistan se retreint à celles qui ne cherchent pas à influencer sa politique intérieure. Aussi est-il membre à part entière des Nations Unies et de la Banque du Développement Asiatique mais regarde de loin ce qui s’établit au Fond Monétaire International, à la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement ou encore à l’Organisation de Coopération Economique ; il ne fait pas non plus partie de la Communauté Economique d’Eurasie, du Programme de Coopération Régionale Economique d’Asie Centrale et s’est retiré il y a peu du Commonwealth des Etats Indépendants (dirigé par l’ancienne puissance coloniale russe) après être devenu membre associé. Les visites du Turkmenbashi aux autres pays ont été passablement réduites après 2000, à l’exception de la Chine avec laquelle elle passe des contrats pour l’exportation de son gaz depuis 2006.

Pour ce qui est des multinationales, elles doivent se plier au régime dictatorial et tout faire pour plaire au Turkmenbashi : le premier entrepreneur (turc) à avoir traduit le Rukhnama s’est ainsi vu attribuer un poste de ministre au sein du gouvernement turkmène, lançant une mode qui permet de recenser à ce jour une quarantaine de traductions de l’ouvrage. Bouygues, société française, a elle été la première à traduire le second volume du livre dictatorial, lui permettant de bénéficier de contrats énormes d’une valeur d’un milliard de dollars.

L’idéologie de la dictature

Un autre point important distingue le Turkménistan de ses voisins : l’alliance de la construction nationale et du culte de la personnalité. Places, édifices, villes, rivière, montagne, baie, et même étoile, billets de banque, produits alimentaires, vodka, télévision, hymne et fête nationale, mois de l’année, livres scolaires, statues (plus de 14 000)… Turkmenbashi Le Grand est partout. Un culte à ses parents et à ses deux frères décédés est également rendu, et que ne serait pas un dictateur sans son petit livre ? Le Rukhnama a été paraît-il écrit par Nyazov ; symbole de la « renaissance culturelle » et surtout de l’ego surdimensionné de son auteur, il combine culte au « nouveau prophète », islam et révisionnisme historique : pas de legs culturel de la part de la Turquie ou de la Russie, le peuple turkmène est spécifique dans sa culture, ce qui fait sa grandeur ; et gare à ceux qui nieraient ces faits : en 2000, plus de 25 000 manuels d’histoire ont été détruits parce qu’ils « ignoraient le véritable passé turkmène ».

La « turkménisation » de la société va de pair avec la construction de la nation turkmène. Basée en grande partie sur le Rukhnama et sa version de l’histoire, elle s’accompagne de la dérussification du pays à travers la langue – désormais interdite –, le changement des mots russes par des mots turkmènes ou encore l’introduction de l’alphabet latin. A ce processus s’ajoute en outre la discrimination des minorités et leur acculturation à la « grande nation turkmène ». Le christianisme orthodoxe est ainsi la seule religion autorisée avec l’islam.

Le nationalisme turkmène s’appuie enfin sur l’instrumentalisation d’un islam folklorique et la surveillance rapprochée du personnel religieux (autre héritage soviétique). Le Turkmenbashi et son cabinet ministériel ont fait le pèlerinage à la Mecque en 1992, la plus grande mosquée d’Asie, construite dans la ville de naissance du Président, conserve sur ses colonnes des versets du Coran et des passages du « livre sacré » Rukhnama et les imams qui n’intègreraient pas dans leur sermon les enseignement du livre du dictateur sont démis de leur fonction. L’Arabie Saoudite aide financièrement le pays dans ses activités religieuses et le Turkménistan est membre de l’Organisation de la Conférence Islamique.

Depuis 2006

La transition politique

Le jour même de l’annonce de la mort du président (décédé plusieurs jours plus tôt ?), Berdymuhammedov se pose en Président par intérim, après avoir fait mettre en prison celui qui était prévu par la Constitution ainsi qu’une centaine de ministres et autres qui auraient pu lui faire de l’ombre. Les élections « démocratiques » sont organisées deux mois plus tard et, malgré la présence de cinq autre candidats, celui qui deviendra le nouveau dictateur l’emporte avec un score digne de la période soviétique, 89,23%, qu’il réitèrera en 2011 avec 97,14% des voix. De quoi égaler la fonction de Président à vie de Nyazov.

Le legs de la dictature

Plus loin dans les apparences démocratiques, Berdymuhammedov décide d’octroyer diverses libertés et d’aller rendre visite à plusieurs pays tels que les Etats-Unis ou encore la France en 2011. Pourtant, qui dit liberté dit apparemment contrôle plus sévère ; ce pays reste ainsi une dictature, dirigée par un nouveau mégalomane. Après avoir pris soin de réduire de manière conséquente le culte de la personnalité de son prédécesseur (statues reléguées dans les périphéries, changement du nom des mois…), il s’est en effet vu attribuer le titre d’ « Arkadag », le Protecteur, et la plupart des vidéos turkmènes disponibles sur Youtube chante ses louanges, ou encore le titre d’Eleveur national qu’il s’est lui-même octroyé ; il comptait également publier une autre saga qui se nommerait Turkmennama (le Livre des Turkmènes) ou Adamnama (le Livre de l’Ame) ; son livre, que tout Turkmène a l’obligation d’acheter, se nomme « Vers les nouvelles hauteurs du progrès ».

En conclusion, sur le plan politique comme économique, la situation demeure la même : les relations extérieures se limitent à la recherche de nouveaux débouchés pour le pétrole et le gaz. Le temps s’est figé depuis 1991 au Turkménistan, et il en sera ainsi tant que les autres puissances trouveront des avantages certains dans l’entretien de l’un des régimes les plus autoritaires qui soient avec la Corée du Nord.

Bibliographie et sitographie (essentiellement issue de http://www.jbjv.com/Bibliographie-sur-le-Turkmenistan.html)

ABAZOV Rafis [2005], Historical Dictionary of Turkmenistan, Lanham, Scarecrow Press.

ABAZOV Rafis [2008], « Education Reforms in Turkmenistan: Where Will It Go? », Central Asia-Caucasus Institute Analyst, 9 janvier 2008, en ligne : http://www.cacianalyst.org

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